Vers une consommation plus spirituelle ! Les produits « détox » sont-ils les prémices d’un nouveau régime « Retreat » ?

Nutrition et Bien-être Boissons Communication - Marketing Epicerie Fruits & légumes Produits laitiers Snacking - Traiteurs Viandes - Poisson - Œufs 11/07/2018

A mesure que l’homme perd confiance en la religion et la transcendance, il recherche du sens et une nouvelle spiritualité à travers ses actes de consommation. Les aliments deviennent ses « fétiches », assurant l’élévation de son âme au sein de la société. L’envolée des cures « Détox » est-elle un des 1er prémices d’un nouveau régime « Retreat »… ?

La place de la spiritualité dans la consommation

Spiritualité et consommation semblent relever de l’oxymore.

Des émergences, des mutations et des accélérations relatives à ce marché en devenir sont pourtant clairement en cours et permettent d’imaginer une tendance durable à l’égard d’une « consommation spirituelle ».

A l’origine, le déclin du concept divin

Si nous creusons vraiment plus loin dans les couches d’inconscients des consommateurs, notamment en Europe et en Amérique du Nord, les récentes défiances envers les bases historiques de notre alimentation (par exemple le gluten, ce constituant du blé, donc du pain, à la base de la culture Européenne et de la religion Chrétienne…) est avant tout le signe d’une défiance sourde et rampante envers le « système » actuel dans sa globalité.

« Dieu est mort », y compris dans nos assiettes ! Le fait, pour un grand nombre de personnes de ne plus croire en Dieu ou en un avenir collectif fait remettre en cause les fondements mêmes de nos sociétés, et notamment les fondements alimentaires.

e4caf1b704fc9c4647d26ab43103ccd3017b15f9Le concept divin remonte à l’origine des hommes. Avant, au début, les dieux étaient partout… Dans un univers où tout était grand et neuf, les hommes avaient peu de connaissances ; seuls les dieux pouvaient expliquer les phénomènes, les mystères de l’existence mais aussi faire lever le soleil ou faire surgir les tempêtes…

Avec le temps, les découvertes ont questionné et enrichi notre savoir, faisant progressivement reculer l’espace des dieux et des « sachants » au profit de l’expérience. Ceux qui portaient les promesses d’un « bonheur futur » ont donc pour beaucoup perdu leur crédibilité.

Nous avons désormais basculé dans un nouveau système de confiance. L’homme ne recherche plus le « salut » ou le « bonheur différé » (Le « ce sera mieux demain », très présent en religion) mais crois davantage en un Carpe Diem (« profitons maintenant »)…

Le rôle de la religion est une affaire beaucoup plus personnelle, intime et émotionnelle.

Sauf que, alors que nous avons acquis tant de connaissances scientifiques, le besoin d’une nouvelle « magie »  (besoin de rites privés) et de mystère (de secret, de mystique), donc la recherche d’une nouvelle spiritualité se fait de plus en plus ressentir.

Croyants ou non, religieux ou non, nous sommes néanmoins tous plus ou moins touchés par cette quête de spiritualité, dès lors que nous nous demandons si notre existence a un sens, s’il existe d’autres niveaux de réalité ou si nous sommes engagés dans un authentique travail sur nous-mêmes…

A ce titre, jamais les cours de yoga n’ont fait autant d’émules !

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Les institutions religieuses imposaient autrefois des règles, des rites et une ligne de conduite que l’on veillait à respecter. Les institutions représentaient donc à la fois une forme d’autorité, mais aussi une source de réassurance à l’égard d’un avenir collectif.

D’une logique de règles similaires pour tous, nous sommes aujourd’hui passés à une logique d’individualisation où chacun établit sa propre règle pour mener son « projet de vie ». Chacun cherche à reprendre la main sur un chemin à tracer, celui de sa propre existence !

Quand un « système » ou une organisation à bout de souffle nous dépasse, nous cherchons naturellement à reprendre la main sur les éléments pour lesquels nous avons encore capacité d’agir, c’est à dire notre propre corps.

Cette liberté nouvelle fait néanmoins « peser » sur chacun toute la responsabilité de ses choix de vie, et notamment ses choix alimentaires.

L’homme recherche ainsi de plus en plus à travers ses actes de consommation alimentaires à s’imposer ses propres règles, à recréer « sa propre religion« , en accordant aux biens de consommation, donc également aux aliments une fonction plus spirituelle et philosophique, pour retrouver à travers eux une part de « sens » et de « magie » perdue.

Pensée magique : l’aliment est porteur de sens !

Le principe d’incorporation « Je suis ce que je mange »…

50dossier-ouvakatrecostume-3-piecesLe principe d’incorporation, qui se traduit par l’expression « On est ce qu’on mange » (Fischler, 1990), propose une seconde lecture de l’aliment. Il renvoie à la croyance que lorsque l’on ingère un aliment, on en acquiert les caractéristiques, qu’elles soient positives ou négatives.

Cet aliment, avant de « faire partie de soi » doit être avalé, ingurgité, détruit puis assimilé. Il est donc le seul (avec les médicaments) à être directement ingéré par le corps humain. Cette incorporation, d’abord physiologique (par le système digestif) est surtout très symbolique.

Il a donc quelque chose d’une pensée magique dans cette démarche d’ingestion. L’ingestion rend symboliquement les effets de la prise alimentaire quasi irréversibles. L’homme met ainsi en place ses rituels et stratagèmes pour s’autoriser ses petites infractions : aller courir après avoir mangé un hamburger, faire une cure de thé détox après une soirée bien arrosée…

Ce sont aussi les qualités des aliments que l’on fait siennes : boire un thé vert pour se sentir léger, manger du boudin noir pour reprendre des forces, infuser son plat au gingembre pour se donner de la vigueur…

Le principe d’incorporation est donc très présent dans les représentations alimentaires : l’individu doit maîtriser ce qu’il mange sous peine de perdre le contrôle de ce qu’il est et/ou de ce qu’il veut être !

Un aliment « bon à penser » = un aliment « spirituel »

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Un aliment porteur de sens, « bon à penser » doit donc désormais pouvoir faire valoir ses qualités symboliques. Celles-ci peuvent se traduire par un produit éthique (commerce équitable…), respectueux pour la planète, nutritionnellement correct (léger…), sain (« sans »…), etc.

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De la cure « détox » au lifestyle « Retreat » ?

Retreat-Coffee Menu (Londres)

Pour toutes ces raisons, les tendances se constituent actuellement autour des super-aliments qui promettent santé, jeunesse éternelle et minceur à leurs nouveaux adeptes (le chou kale venu des Etats-Unis, les baies d’acai amazoniennes, etc.) ou en faveur d’une multitude de nouveaux régimes alimentaires (le paléo, le vegan, le sans gluten, etc.) pour satisfaire toutes ces « nouvelles religions ».

C’est également à ce titre que les produits « détox » au charbon actif, à l’artichaut, au brocoli, au pissenlit ou à l’ortie… ne cessent d’envahir les rayons, la France en tête !

  • Progression du Claim « détox » entre 2013 et 2018 à l’international

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  • Top 10 des pays utilisateurs du Claim « Détox » entre 2013 et 2018

top 10 pays utilisateurs

  • Top 10 des pays utilisateurs du Claim « Retreat » entre 2013 et 2018

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Le claim montant « détox » aujourd’hui associé à des prises alimentaires d’exception (sous forme de cures) ne cèdera-t-il pas bientôt sa place à un nouveau Lifestyle et/ou régime « Retreat », intégrant davantage de dimensions symboliques « bonnes à penser » et donc un cran plus spirituelles qu’un produit détoxifiant ?…

Selon Mintel GNPD, aux Etats-Unis, le mouvement semble déjà en marche…

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