La nutrition personnalisée aiguise les appétits et constitue un réel enjeu face au vieillissement.

Interventions nutritionnelles : et si la qualité des nutriments ajoutés aux aliments enrichis ou aux compléments alimentaires s’adaptaient aux seniors ?

« La majorité des personnes âgées dans le monde ne consomment pas une quantité suffisante de micronutriments essentiels.

En fait, seuls 50% des Américains âgés répondent actuellement aux besoins en vitamine A, 40% en vitamine C et jusqu’à 75% en vitamine E », a déclaré Peter van Dael, vice-président directeur, Nutrition Science & Advocacy, DSM Nutritional Products.

La fragilité nutritionnelle de la population âgée peut également être le résultat d’un système métabolique plus faible, car la biodisponibilité des nutriments diminue avec le vieillissement de l’organisme.

Bien que les besoins en nutriments varient considérablement au cours du vieillissement, il est généralement établi que les nutriments suivants peuvent être plus recherchés :

• Les nutriments ayant un rôle sur la densité osseuse tels que calcium, vitamines A, C, D, fluorure, magnésium, phosphore, potassium et protéines
• Certaines personnes vieillissantes peuvent également avoir besoin de plus de fer et de zinc si leur apport en protéines est faible, si leur acidité gastrique est réduite (ce qui peut nuire à l’absorption du fer), ou si elles présentent une perte de sang chronique due à des troubles gastro-intestinaux. L’apport accru de zinc pour améliorer le système immunitaire peut être également préconisé.
• Enfin les vitamines antioxydantes telles que les vitamines A, C et E, ainsi que l’acide folique, peuvent être bénéfiques pour aider à se protéger des maladies et à renforcer l’immunité globale.

Il existe des différences significatives entre les jeunes seniors et le grand âge.

Aujourd’hui la plupart des recommandations regroupent toutes les personnes âgées dans la catégorie des 65 ans et plus. Cependant, des recommandations plus précises en matière d’apports nutritionnels sont nécessaires, en raison des différences de physiologie entre les populations de 65 ans et plus et celles de 85 ans et plus.

De toute évidence, un jeune actif de 75 ans aura des besoins très différents par rapport à quelqu’un du même âge mais sédentaire voire comparativement à un patient qui a perdu la mobilité.

Combattre la dénutrition : un enjeu majeur pour vivre vieux en bonne santé

A l’occasion de la 4^ème rencontre organisée par le groupement d’intérêt scientifique Nutrition-Alimentation-Métabolisme-Santé (NAMS), avec le soutien d’ID2Santé à Rennes le 4 octobre dernier, le Professeur Ronan Thibault, responsable de l’unité de nutrition du CHU de Rennes, a largement insisté sur les risques accrus que présentaient les patients dénutris, notamment les personnes âgées.

En effet, les progrès médicaux et l’amélioration globale du niveau de vie nous amènent à vivre plus longtemps que les générations précédentes. En conséquence, il est observé un vieillissement de la population mais également l’augmentation de prévalence de maladies chroniques.

Certes la survie des patients âgés et/ou avec maladie chronique s’est améliorée, mais aux détriments de séquelles nutritionnelles, avec en premier lieu la dénutrition, qui influence la qualité de vie et le devenir clinique.

Dans ce contexte, il est essentiel d’inclure dans la prévention des interventions nutritionnelles personnalisées. Les choix nutritionnels devraient être guidés, certes par les préférences alimentaires, mais aussi, avec l’appui de l’intelligence artificielle, par des éléments biologiques, cliniques, radiologiques, métagénomique… Et, Ronan Thibault de conclure « qu’en parallèle, l’organisation du système de santé devra se transformer, d’une prise en charge de masse vers une médecine personnalisée ».

Quelle offre pour répondre à cette attente de personnalisation ?

A l’occasion des de la 12^ème édition des Journées Aliments & Santé, Grégory Dubourg de la société Nutrikéo a dressé un panorama des solutions répondant à la problématique, mettant en évidence que la tendance à la personnalisation liée aux particularités intrinsèques des individus (besoins nutritionnels spécifiques et uniques).

Si les outils disponibles s’adressent pour l’instant davantage à des groupes de population partageant des critères similaires qu’à l’individu lui-même, les enjeux s’avèrent de taille et les recherches (privées comme publiques) dans le domaine sont grandissantes.

L’objectif à terme est d’imaginer la possibilité d’une alimentation 100% personnalisée, au service de laquelle se développeront les objets connectés, la nutrigénomique (interactions entre génome et nutriments), le séquençage du microbiome ou encore l’imprimante 3D alimentaire.

Diaporama de Nutrikéo à télécharger : « Jusqu’où va-t-on dans l’alimentation personnalisée ? Décryptage de cas concrets à l’international« .

Parmi les acteurs, on peut citer l’exemple de DSM qui soutient le développement d’un large éventail d’outils de diagnostic, notamment des dépistages et des évaluations alimentaires. De telles approches ont pour objectif d’aider à identifier les carences en micronutriments et, finalement, à prévenir l’apparition de certaines maladies.

Le groupe néerlandais a par exemple noué un partenariat avec Mixfit et a investi dans Tespo, deux start-up qui développent des boissons nutritionnelles personnalisées à base de vitamines.

Mixfit utilise les mix de vitamines et minéraux Quali Blends de DSM et s’appuie sur une intelligence artificielle (Mina, ou Mixfit’s Intelligent Nutrition Assistant) pour analyser la génétique, le régime, la santé et le mode de vie des consommateurs. L’objectif est de proposer à chacun une boisson réunissant tous les micro-nutriments qui pourraient manquer dans l’alimentation. La composition est adaptée quotidiennement en fonction de l’activité ou des bienfaits santé recherchés. La protection des données est assurée par la blockchain.

« Et demain, quid d’imprimer des repas adaptés aux besoins des grands seniors ? » concluait la présentation de Grégory Dubourg.