La crise sanitaire serait-elle l’occasion de mettre en place une politique de transition écologique ?Et si l'on commençait par suivre les recommandations du Programme National Nutrition Santé 2019-2023 (PNNS 4)...

Qualité - Réglementation - production Ethique et Responsable 14/04/2020

Entre la tentation du plastique à usage unique pour des questions sanitaires et l’impact du confinement sur les acteurs locaux, les bonnes intentions pour une consommation plus écoresponsable pourraient bien être mises à mal…

Pourtant, d’après une étude YouGov, 77% de la population considère que cette crise sanitaire est l’occasion de mener une politique ambitieuse de transition écologique et 68% des Français pensent adopter un comportement plus écoresponsable suite à la crise que nous traversons…

Le suivi des recommandations nutritionnelles serait un premier pas vers une consommation plus écoresponsable.

Les systèmes alimentaires actuels sont de plus en plus remis en cause.

En plus d’être incriminés dans certaines maladies de civilisation, elles seraient également la cause de près d’un tiers des émissions de gaz à effet de serre (GES) et contribueraient de façon importante à la pollution de l’eau et des sols ainsi qu’à à la perte de biodiversité

Une étude met en évidence un bénéfice double des recommandations nutritionnelles : promotion de la santé individuelle ET préservation de l’environnement

Quid de l’alimentation durable ?

La FAO (Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture) a défini l’alimentation durable comme « protectrice et respectueuse de la biodiversité et des écosystèmes, culturellement acceptable, accessible, économiquement juste et abordable, saine et équilibrée, répondant aux besoins humains, tout en optimisant les ressources humaines et naturelles ».

Pour comprendre comment les citoyens pourraient s’engager sur la voie d’une alimentation durable, des scientifiques de lInserm, de l‘INRAE, de l’Université Sorbonne Paris Nord et de SOLAGRO ont mené une évaluation des nouvelles recommandations nutritionnelles françaises sur plusieurs critères. Ils se sont basés sur les données de 28 340 participants de l’étude de cohorte NutriNet-Santé. Leurs résultats ont été publiés dans Nature Sustainability.

Quid des recommandations nutritionnelles ? Le PNNS (Programme national nutrition santé) a évolué en 20 ans vers une prise en compte de la dimension environnementale de l’alimentation.

En 2001, le PNNS 1 mettait en avant des recommandations nutritionnelles visant principalement à augmenter la consommation de fruits et légumes et à favoriser la consommation de produits laitiers pour l’apport calcique. La dernière version du Programme National Nutrition Santé (2019-2023) souligne la nécessité d’intégrer la dimension environnementale de l’alimentation (Santé Publique France).

Une étude pour évaluer l’impact des recommandations sur la santé mais également sur l’environnement.

Au cours de l’étude publiée dans Nature Sustainability, les scientifiques ont cherché à évaluer l’impact des recommandations à la fois sur la santé mais également sur l’environnement. Une comparaison entre les groupes d’individus qui suivent les recommandations et ceux qui ne les suivent pas ou peu a été réalisée, se basant sur plusieurs critères. Les scientifiques ont également comparé la durabilité des recommandations de 2001 versus de 2017.

Ils ont associé plusieurs indicateurs, reposant sur des critères :

  • nutritionnels : type d’aliments consommés, nombre de calories
  • environnementaux : occupation des sols, émission de GES, ressources utilisées …,
  • économiques : coût de l’alimentation,
  • toxicologiques : exposition aux résidus de pesticides.

L’étude a permis de conclure quant à l’efficacité du suivi des recommandations, à la fois d’un point de vue santé qu’environnemental :

  • En matière d’impact sur la santé : le suivi des recommandations de 2017 permettrait de prévenir 35 000 morts prématurées, principalement liées à des maladies cardiovasculaires, soit 10 % de plus que les recommandations de 2001.
  • Au niveau environnemental : les participants qui suivaient les recommandations de 2017 réduisent l’impact global sur l’environnement de leur alimentation de 50 %. En comparaison, ceux qui suivaient les recommandations de 2001 réduisaient leur impact de seulement 25 %.
  • Mais au niveau économique, le coût de l’alimentation pour les personnes suivant le mieux les recommandations de 2017 serait légèrement plus élevé (environ 1 € de coût supplémentaire par jour et par personne).

 

En conclusion de cette étude, si elles sont adoptées par une large partie de la population, les recommandations nutritionnelles de 2017 pourraient contribuer à la prévention de maladies chroniques comme le diabète, l’obésité, les maladies cardio-vasculaires et certains cancers tout en réduisant les impacts environnementaux liés à l’alimentation.

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